Les hallucinogènes sérotoninergiques forment un groupe de drogues incluant le diéthyllysergamide (LSD), la psilocybine (champignon magique), la mescaline, etc. qui agissent principalement sur le récepteur de sérotonine 5-HT2A (Marona-Lewicka, Thisted & Nichols, 2005). Depuis qu’une loi a interdit l’utilisation de ces drogues en 1971, peu d’études ont été réalisées à leur sujet jusqu’à tout récemment (Nichols, 2016). Présentement, il y a une résurgence des études sur ces hallucinogènes en contexte thérapeutique (Griffiths and Grob, 2010; Vollenweider and Kometer, 2010). Toutefois, peu d’études étudient leur utilisation en contexte non médical. De plus, les études qui investiguent les motifs ou les trajectoires de consommation catégorisent les hallucinogènes sérotoninergiques avec d’autres classes de drogues, ce qui ne permet pas de tirer des conclusions sur les hallucinogènes sérotoninergiques spécifiquement. Pourtant, quelques études semblent indiquer que les hallucinogènes sérotoninergiques se distinguent des autres classes de drogue par leurs effets (Carhart-Harris & Nutt, 2010), leurs motifs d’utilisation (Riley & Blackman, 2008) ainsi que par le profil des consommateurs (Lerner & Lyvers, 2006). Bien que, ces hallucinogènes semblent être peu nocifs sur la santé physique et psychologique (Nutt, King & Phillips, 2010), elles comportent des risques telles que les expériences difficiles (badtrip) caractérisées par de la peur, de l’anxiété et de la détresse psychologique, ce qui peut être très marquant pour certaines personnes (Carbonaro et al., 2016).
La présente étude a pour objectif d’étudier spécifiquement l’utilisation des hallucinogènes sérotoninergique en contexte récréatif afin de mieux comprendre les motifs et les contextes de leur consommation. Cela permettra notamment de mieux connaître les besoins que les gens tentent de combler en consommant ces drogues. Cette recherche permettra aux intervenants psychosociaux de mieux comprendre la réalité de leurs clients et ainsi d’intervenir plus efficacement en matière de substances psychoactives. De plus, dans une optique de réduction des méfaits, une meilleure compréhension des éléments pouvant provoquer des expériences difficiles pourra permettre de prévenir ce genre d’expérience en sensibilisant et en informant davantage les gens à risque de consommer ces drogues.
Afin de répondre à ces objectifs, un devis qualitatif sera utilisé. Cela permettra de mieux comprendre la trajectoire qui mène à la consommation des hallucinogènes sérotoninergiques et les interactions entre l’individu, l’environnement et la substance qui peuvent mener aux expériences difficiles. Des entretiens semi-dirigés (Lessard-Hébert, Boutin, & Goyette, 1997) seront menés avec environ 15 participants ayant déjà consommé des hallucinogènes sérotoninergiques. Plusieurs thèmes seront abordés tels que les motifs de la première consommation, les motifs de la poursuite de la consommation, la fréquence d’utilisation, les effets qu’ils recherchent, les effets ressentis, les impacts à long terme, les contextes de consommation et les expériences difficiles d’une telle consommation, etc. La durée moyenne des entretiens sera d’environ 45 minutes. Ensuite, une analyse thématique (Paillé & Mucchielli) sera utilisée afin de dégager les points de convergence et de divergence dans les discours.