En psychiatrie légale, la sexualité demeure un enjeu important pour les patients qui sont confrontés à plusieurs barrières entravant l'expression de leur sexualité. Ces dernières comprennent entre autres les enjeux cliniques, éthiques, légaux et institutionnels (Brown et al, 2014; Kaszap, 2020; Kennedy et al., 2013). Sans politiques formelles dans les institutions canadiennes comme suggérées par l'étude de Welch et Clements (1996), la sexualité est perçue comme un obstacle à la réadaptation des patients (Brown et al., 2014). Malgré le fait que les études de Boucher et ses collègues (2016) et Quinn et Happell (2015a) décrivent certains bénéfices d'exprimer une forme de sexualité sur la réadaptation des personnes diagnostiquées avec un trouble de santé mentale grave et persistant, d'autres études sont nécessaires pour analyser certaines thématiques négligées, dont la satisfaction sexuelle, le bien-être sexuel et l'intimité. Le manque de connaissances sur ces bénéfices limite l'intégration de la sexualité dans les traitements offerts en psychiatrie légale ainsi que les bienfaits qu'elle pourrait engendrer sur la réadaptation des individus hospitalisés. Afin d'améliorer les services prodigués, mieux répondre aux besoins des patients et ainsi favoriser leur rétablissement, il est important d'avoir une meilleure compréhension de la sexualité dans sa globalité, incluant les aspects positifs qu'elle engendre chez les patients, ce qui permettrait de promouvoir le développement d'interventions et de politiques adaptées favorisant la réadaptation des patients. Une meilleure compréhension de la sexualité en psychiatrie légale est alors essentielle afin de mieux cerner les besoins sexuels des patients. Cette étude a donc comme objectif général d'explorer le vécu sexuel des hommes institutionnalisés en psychiatrie légale. À cette fin, une attention particulière sera apportée à deux objectifs spécifiques : 1) Décrire les représentations et l'expression de la sexualité des patients hospitalisés en psychiatrie légale, 2) Comprendre les bénéfices perçus et anticipés du bien-être sexuel, de la satisfaction sexuelle et de l'intimité chez les patients hospitalisés en psychiatrie légale sur leur rétablissement. Pour atteindre les objectifs de cette étude, de 12 à 15 participants prendront part à une entrevue individuelle semi-dirigée en format virtuel (Zoom). Par contre, si l'INPL-PP allège ses mesures sanitaires mises en place dues à la COVID-19 et permet aux chercheurs de mener des entrevues en personne, cette option sera privilégiée. Les participants recrutés devront satisfaire certains critères d'inclusion : s'identifier comme étant un homme, avoir 18 ans ou plus, être hospitalisé à l'INPL-PP depuis au moins trois mois et être en mesure de s'exprimer en français dans le cadre d'une entrevue. Les patients n'ayant pas la capacité d'offrir un consentement libre et éclairé (p.ex. patients mis sous tutelle) ou de prendre part à l'entrevue (p.ex. décompensation psychotique, comportements agressifs récents) ne se verront pas proposer de prendre part à l'étude. Les individus hospitalisés qui ont commis des délits de nature sexuelle seront aussi exclus du projet, car leurs besoins sexuels diffèrent (American Psychiatric Association, 2013). Une compensation financière de 10$ sera remise aux participants. Après la réalisation de l'entrevue, des données issues du dossier médical des participants seront colligées (p.ex. l'âge, leur trouble de santé mentale et la raison de leur séjour en psychiatrie légale) par la candidate à la maîtrise. Pour procéder au traitement et à l'analyse des données, ce projet de recherche s'inspirera de l'analyse thématique proposée par Braun et Clark (2012) qui consiste à transformer un corpus de données en thèmes. Pour ce faire, toutes les entrevues seront enregistrées sur audio afin d'en permettre la transcription.