Programme détaillé École d'été

La sexologie développementale offre un apport unique sur les liens entre consommation de substances psychoactives, précocité sexuelle, comportements sexuels à risque et problèmes de consommation. Dans cette conférence, les liens prospectifs et concurrents entre consommation et sexualité trouvés dans nos recherches longitudinales seront présentés, en examinant la période s’échelonnant du début de l’adolescence à la fin de l’âge adulte émergent, et en abordant les facteurs prédictifs communs aux comportements sexuels à risque et à la consommation à risque. Les objectifs pédagogiques sont : (1) comprendre l’importance des études longitudinales dans l’examen des interrelations entre sexualité et consommation; (2) identifier les retombées pour l’intervention des sexologues et les applications potentielles de ces résultats de recherche dans les divers champs de pratique sexologique; (3) identifier les principaux constats issus de ces recherches pour sensibiliser les populations concernées aux enjeux associés à une consommation excessive.

Dans le cadre d’une étude mixte, nous nous sommes intéressés aux habitudes de consommation de cannabis chez les femmes enceintes, aux facteurs d’influence et aux pratiques professionnelles à leur égard, en particulier depuis la légalisation du cannabis. Nous présenterons les résultats préliminaires d’entrevues individuelles menées auprès de femmes enceintes et de professionnel·les, notamment à l’égard du concept de maternité et de l’implication du·de la partenaire dans celle-ci. Les objectifs de cette présentation sont de : 1) réfléchir aux liens entre la consommation de cannabis chez les femmes et le concept de la maternité; 2) mieux comprendre la consommation de cannabis chez les femmes enceintes rencontrées, et cerner les facteurs qui influencent leurs décisions et leurs capacités; 3) prendre conscience des préjugés individuels et sociaux à leur égard; et 4) réfléchir aux pratiques prometteuses. Les stratégies pédagogiques mobilisées seront l’exposé magistral et une activité d’analyse de contenu thématique de groupe.

Cet atelier vise à outiller les personnes concernées par l’offre de services de traitement et de réduction des méfaits aux femmes afin d’améliorer les pratiques et les services en dépendance, tenant compte d’une analyse basée sur le sexe et le genre relative aux divers besoins de santé. Cette conférence offre un portrait des connaissances scientifiques disponibles au sujet de l’influence du sexe et du genre sur les parcours d’utilisation de substances psychoactives et de services des femmes. Le recours à des vignettes cliniques permettra de soutenir la compréhension des forces et vulnérabilités spécifiques des femmes au cours de leur parcours de rétablissement. Des grilles d’auto-évaluation des pratiques seront proposées. Ces grilles permettront de favoriser les réflexions quant à l’applicabilité des pistes d’action suggérées dans le but de mieux adapter les pratiques cliniques et les organisations de services aux besoins des femmes dans divers milieux de pratique au Québec.

Les personnes trans peuvent présenter davantage d’enjeux de consommation de substances comparativement aux personnes cisgenres et de la diversité sexuelle. Bien que plusieurs études démontrent que ces disparités pourraient principalement s’expliquer par le stress minoritaire subi, très peu documentent la façon de concrètement en tenir compte dans les pratiques cliniques en dépendances. À l’aide d’enseignements et d’échanges, cet atelier vise d’abord à démystifier les concepts de stress minoritaire et de résilience. Les participant·es seront dès lors invité·es à adopter une posture critique et écosystémique à l’endroit de ces concepts en relation d’aide. L’influence potentielle de divers facteurs de stress et de résilience sur le bien-être et les habitudes de consommation des personnes trans sera explorée à l’aide du modèle théorique de Hendricks et Testa (2012). Une approche transaffirmative cognitivo-comportementale sera finalement explorée afin d’aider les participant·es à mieux considérer ces différents facteurs en évaluation et en intervention en dépendances.

S’appuyant sur le projet Alcool au féminin, cet atelier explore les normes sociales liées à la consommation d'alcool, en se focalisant sur la dimension du genre. D’abord, les personnes participantes seront invitées à identifier les normes et les stéréotypes de genre associés à la consommation d’alcool. Puisque les normes de genres sont souvent transposées dans l’environnement publicitaire, les membres du groupe évalueront en équipe les stratégies de marketing de l’industrie de l’alcool à l’aide de photos. Pour finir, les personnes participantes devront mettre sur pied un plan de recherche qui permettra de poser des actions concrètes pour contrer la stigmatisation vécue par les groupes concernés. À la fin de cet atelier, les personnes participantes seront sensibilisées à l’influence du marketing sur les comportements entourant la consommation d’alcool, particulièrement chez les femmes et les personnes issues de la diversité sexuelle et de genre. L’atelier vise à développer des habiletés de prévention par les objectifs suivants : 1) identifier les normes de genre associées à la consommation d'alcool, 2) évaluer les effets du marketing de l'alcool et 3) créer un plan de projet de recherche axé sur les normes de genre lié à l’alcool.

La recherche communautaire est une approche qui intègre l’ensemble de parties prenantes concernées par une problématique sociale dans toutes les étapes du processus de recherche (dès la conception à la diffusion), et ce, de manière équitable. Au Québec, la recherche communautaire dans le domaine du VIH/sida a été un domaine pionnier, avec une trajectoire de près de trente ans et avec un programme de financement dédié aux Instituts de recherche en santé du Canada. Bien que cela constitue une reconnaissance de la légitimité et la pertinence de la recherche communautaire sur le VIH, cela ne se traduit pas par des programmes dédiés dans d’autres domaines, comme celui de la consommation de substances, ni dans le développement d’un programme dédié à la recherche communautaire dans d’autres organismes qui financent la recherche, autant au niveau provincial que fédéral. Cet atelier vise à présenter les principes de la recherche communautaire, discuter des expériences de recherche communautaire au Québec et leur application dans le domaine de la consommation de substances et la sexualité; ainsi qu’à identifier des pistes d’avenir pour la recherche communautaire. 

Cette présentation aborde des pratiques innovantes, collaboratives et inclusives de personnes avec savoir expérientiel (PSE) en recherche communautaire et participative, plus particulièrement en lien avec la conception et la réalisation des capsules de Femmes en lumière : Récits de vie et contributions sociales. En collaboration avec la Chaire de Recherche La GID de l'Université de Sherbrooke et financée par l'AIDQ dans le cadre du Projet VSE, cette initiative par-et-pour est une exploration des parcours de vie de trois femmes ayant eu des problèmes de dépendances et comment leur expérience personnelle nourrit désormais leurs engagements professionnels. Deux de ses femmes animeront l’atelier, et partageront des exemples concrets de leurs implications en recherche et dans de multiples initiatives de sensibilisation en dépendance. L’empowerment, les retombées de ces collaborations, ainsi que certains défis et obstacles seront discutés. Divers outils et initiatives seront partagés et un espace de discussion et de questions sera rendu possible.

La recherche communautaire et participative est encouragée pour réaliser des projets de recherche se penchant sur les expériences de communautés pouvant être marginalisées, notamment les personnes consommant des substances psychoactives, ainsi que celles s’identifiant à la diversité sexuelle et de la pluralité des genres. Réaliser des recherches participatives, c’est aller à la rencontre de l’autre. C’est le croisement de milieux qui, le plus souvent, présentent des intérêts distincts, une compréhension divergente vis-à-vis une situation, un phénomène, une problématique spécifique. Ainsi, les enjeux suscités par ces perspectives de recherche sont nombreux, notamment autour de l’implication des communautés, l’engagement des chercheur·euses, ainsi que les retombées concrètes de ces projets. À l’intersection de la recherche, de l’intervention et de l’implication communautaire, ce panel suscitera réflexions et discussions sur le par et pour en recherche. Quels sont les défis de la recherche communautaire participative ? Comment ceux-ci peuvent-ils être dépassés, sans toutefois écarter les principes fondamentaux de la recherche communautaire et participative ?

La recherche sur la consommation de substances a longtemps mis l'accent sur les difficultés et les défis rencontrés par les communautés, créant ainsi une vision souvent trop individualiste et stigmatisante des personnes qui consomment. Heureusement, cette tendance est en train de changer grâce à l'émergence de recherches basées sur les principes de la recherche participative et communautaire. Dans cet atelier, les personnes participantes exploreront comment l'art peut enrichir la recherche communautaire. Iels auront l'opportunité de se familiariser avec les méthodes de recherche artistiques, abordant les aspects philosophiques, théoriques et pratiques. En étudiant des exemples concrets, les personnes participantes analyseront les défis majeurs et les bénéfices de ces approches. Enfin, iels auront l'occasion de discuter des possibles applications de ces méthodes dans leurs domaines respectifs d'intérêt. Cette exploration approfondie permettra aux personnes participantes de mieux comprendre et d'intégrer les aspects créatifs et collaboratifs de la recherche dans leur pratique.

Depuis quelques années, les interventions dans le domaine social intègrent de plus en plus différents dispositifs technologiques afin de s’adapter aux différents profils des personnes utilisatrices et à leur contexte. Ces interventions peuvent comprendre des espaces de discussion virtuels, où les personnes utilisatrices peuvent accéder à un·e professionnel·le de la santé ou des services sociaux par le biais d’interfaces virtuelles. D’autres interventions peuvent s’appuyer sur des applications mobiles, de sessions de chat en direct, de forums de discussion, entre autres. Ces types de dispositifs ont l’avantage de rejoindre certaines populations, qui pour différentes raisons n’iraient pas vers des services en personne, des populations éloignées géographiquement, entre autres. Toutefois, ces interventions posent aussi différents défis sur le plan technologique, éthique ainsi que sur le plan de l’intervention elle-même (approche, suivi, etc.). À partir de l’expérience d’intervention de l’organisme MAX-Ottawa et de l’expérience de développement de la plateforme d’intervention Chez Manu, de la chaire TRADIS, cet atelier vise à : 1) présenter les avantages et les opportunités des interventions s’appuyant sur différents dispositifs technologiques; et, 2) identifier les défis associés à ce type d’intervention ainsi que les façons de les contourner. L’atelier s’appuiera sur le partage d’expériences et sur le recours à des discussions à partir des vignettes. 

Des chercheur·ses ont observé une complexification grandissante des configurations relationnelles sexuelles et amoureuses depuis la moitié du 20e siècle. Cette complexification se manifeste notamment par une pluralisation des types de relations (par exemple, amitiés avec bénéfices, fréquentations, non-monogamies consensuelles) et une augmentation de leur visibilité dans les discours publics. Les objectifs de cette conférence sont 1) d’établir un portrait des différents types de configurations relationnelles sexuelles et amoureuses et 2) d’en comparer les implications en termes d’usage de substances dans un cadre sexuel. Pour ce faire, le conférencier présentera une revue de la littérature scientifique et des résultats préliminaires de ses travaux en cours. La conférence permettra aux personnes participantes d’acquérir des connaissances de base et des outils réflexifs sur les différents types de configurations relationnelles, avec une attention particulière portée sur les normes qui en organisent le vécu et la construction de sens.

Les comportements que nous adoptons chaque jour dépendent du contexte dans lequel nous nous trouvons. Certains de ces comportements nous apparaissent inexplicables, mais leur analyse approfondie montre qu’une interaction de circonstances était présente au moment de leur survenue. Cette présentation abordera la probabilité qu’un événement survienne en s’intéressant au lien entre la consommation de substances et la violence dans les relations intimes. Elle présentera des méthodes de recherche qui permettent de considérer les caractéristiques individuelles, situationnelles et leur interaction et les illustrera à l’aide d’études variées. Les avancées scientifiques découlant de ces méthodes seront discutées avec les participant·es. Iels seront invité·es à réfléchir en sous-groupes aux retombées cliniques facilitées par ces méthodes. Des vignettes seront aussi proposées aux participant·es afin qu’iels identifient les facteurs de risque individuels et situationnels qui pourraient être associés aux événements de violence dans les relations intimes.

Les personnes qui pratiquent le chemsex ou qui l’ont pratiqué peuvent rencontrer des difficultés dans le rétablissement de relations intimes, amoureuses et sexuelles. Il n’est pas rare que leur démarche visant le rétablissement de la dépendance aux drogues mène à des mandats visant une sexualité saine et des relations affectives épanouissantes. À la fin de cette conférence, les personnes y ayant assisté auront connaissance de certaines réalités liées aux domaines relationnel, affectif, amoureux, intime et sexuel des personnes pratiquant le chemsex ou l’ayant pratiqué. En partant de cas réels, de leurs motifs de consultations et des différentes configurations relationnelles qu’ils présentent, les enjeux rencontrés seront soulevés et discutés. Ces enjeux seront tantôt portés vers les défis du rétablissement, tantôt portés vers les défis liés à l’établissement de relations saines et épanouissantes, qu’elles soient affectives ou sexuelles. Les stratégies pédagogiques mobilisées seront l’exposé interactif, l’étude de cas et la discussion.

Les interventions en dépendances sont principalement offertes en modalité individuelle et sont centrées sur la personne présentant un usage problématique. Or, plusieurs méta-analyses démontrent l’efficacité accrue des interventions en modalité conjugale, tant pour les changements liés à l’usage de substances psychoactives, que du bien-être des deux partenaires et de leur couple. S’appuyant sur les études d’efficacité du Traitement conjugal intégratif en dépendance (TCI-D), l’atelier pratique présentera des outils d’évaluation et d’intervention en dépendances spécifiques aux couples. À partir d’extrait vidéo et d’une vignette clinique, l’atelier abordera les thèmes de la codépendance, de la négociation entre les partenaires des objectifs de changement et des blessures relationnelles causées par l’usage problématique. Ces thèmes permettront aux personnes participantes d’identifier et réfléchir aux défis des diverses alliances et aux stigmas vécus dans et envers le couple. L’objectif est d’amener les personnes participantes à se mobiliser et à mobiliser les deux partenaires à faire équipe contre la dépendance.

À l’heure où la sensibilisation à la culture du consentement est en plein essor, le consentement en contextes de consommation sexualisé reste peu compris. Cet atelier explorera d’abord ce phénomène à partir d’une métasynthèse qualitative sur le PnP/chemsex (un type de consommation sexualisée). Cette présentation abordera aussi les enjeux méthodologiques et éthiques spécifiques à la recherche avec des personnes qui consomment des substances. L'atelier sera suivi de la présentation d’un outil d'accompagnement clinique (adapté à diverses consommations sexualisées) créé par Intersexion, une communauté de pratique sur le champ croisé de la sexualité et l’usage de substances. L’outil sera ensuite mis en pratique à travers une activité d’intelligence collective afin de faire émerger les défis, limites et pistes d’amélioration de l’outil. Cet exercice mettra en lumière les forces des méthodes délibératives pour mobiliser divers types de connaissances, entre autres celles du terrain. En combinant l’expertise de la recherche et du terrain, l’atelier permettra de mieux comprendre les enjeux liés à la consommation sexualisée et les défis d’intervention qui y sont liés.

Les systèmes de santé et de services sociaux du Québec présentent encore aujourd’hui du racisme systémique, conséquence directe de la colonisation et des politiques assimilatrices des gouvernements fédéral et provincial. En 2024, ce n’est plus un choix de considérer les peuples autochtones et leurs cultures au même titre que les Québécois, c’est une responsabilité sociale. Par contre, il est important de le faire de façon culturellement pertinente et la sécurisation culturelle est un excellent outil pour y arriver. La Loi sur les Indiens, la terminologie à utiliser, les différences culturelles ainsi que la sécurisation culturelle sont les principaux éléments abordés dans cette présentation. Les objectifs pédagogiques seront de 1) mieux connaître les Premiers Peuples et de 2) comprendre l’importance de la sécurisation culturelle dans les pratiques professionnelles. Pour réaliser ces objectifs, mon expérience personnelle vous sera partagée, un support visuel sera utilisé ainsi que l’utilisation de liens concrets entre la sécurisation culturelle et le milieu de travail.

La colonisation au Canada a eu un effet majeur sur la vie des individus Autochtone. Les actes et les lois qui ont été mis en place ont créé des traumatismes intergénérationnels importants, ainsi que des restrictions sur la capacité de promouvoir l’éducation, l’économie et la santé physique, mentale, et spirituelle. Cette présentation va explorer l’historique qui a mené à la présente réalité. Elle vise les compétences en sécurisation culturelle et l’importance d’une perspective Autochtone quant au développement et l’implantation d’un projet de recherche, l’écriture de rapport et la pratique. Cela va être illustré à l’aide de divers ateliers traditionnels. 

Le plaisir fait partie de l’expérience humaine et est tantôt valorisé, tantôt stigmatisé. Cette présentation se veut une exploration du plaisir comme trame entre consommation de substances psychoactives et sexualité. Pour ce faire, nous nous questionnerons sur : Qu'est-ce que le plaisir ? Qu'est-ce que le plaisir dans la sexualité ? Qu'est-ce que le plaisir dans la consommation ? Ensuite, nous aborderons le stigma relativement à ces plaisirs et comment, en intervention, nous pouvons intégrer cette composante nécessaire à la compréhension d’une consommation de substances psychoactives dans un contexte de sexualité. En termes de stratégies pédagogiques, des vignettes cliniques et des échanges avec les personnes participantes seront employés afin de susciter une réflexion critique concernant ces thématiques et mettre la table quant à l’adaptation de nos pratiques d’intervention.